Vu dans la presse

articleParu dans Echappement classic – mai 2016

Réalité sublimée

Quand on croise les toiles de Didier Vallé pour la première fois, on hésite entre hyperréalisme et l’hyper-figuratif, une différence minime
mais essentielle puisque c’est le contraste entre la représentation photographique et l’artistique, un écart assimilable à l’espace qui existe entre l’artisan et l’artiste.
Formé à l’Ecole des Arts Appliqués à Paris, Didier Vallé, né en 1958 dans la capitale, a acquis une maîtrise totale du dessin, de la perspective et de l’anatomie.
Cette formation lui permet d’exprimer, avec une sensibilité personnelle, les sujets qui l’interpellent. Il « attrape » les objets avec feeling et nous fait partager son plaisir.
« J’aime démontrer que l’on peut faire de l’art avec les objets du quotidien. Ainsi, ces chaises de jardin empilées sont-elles souvent utilisées dans les cours de dessin donnés aux jeunes élèves de CM2 pour démystifier l’art et le rendre abordable à tout un chacun, quel que soit l’âge et la culture ».
Didier Vallé est aussi le peintre de l’ambiance : « J’ai beaucoup de plaisir à peindre les tableaux de bord qui renferment tant de symboles pour le peintre : la vitesse, la chaleur, la pression, la couleur. J’aime la matière, la transparence, le métal, le volume. Dans le même ordre d’idée, peindre des montres est une évasion par rapport au temps. je suis un des seuls à le faire.
C’est ma re-création et ma récréation…  » Ces travaux s’inscrivent à la suite de ceux réalisés sur des tableaux de bord, telle une logique artistique
Didier Vallé est un artiste total. « Quand j’étais étudiant, je travaillais avec beaucoup de plaisir les études documentaires. J’aurais aimé être sur un bateau d’exploration avec Rasmussen ou accompagner les corps expéditionnaires en Afrique avec Haardt. Je suis toujours à l’affût, toujours en quête d’un sujet à ré-exprimer, toujours prêt à attraper la matière et à la mettre en scène.
Mon travail d’artiste consiste à le valoriser par un cadrage original et correspondant à la nature intrinsèque de l’objet. Peu importe le type de matière à peindre ; ce qui m’intéresse, c’est le choix du sujet. Je peux ainsi peindre des voitures ou des montres, des tableaux de bord ou des calandres, mais aussi des marteaux de portes de villas de l’Ile de Ré. »
Si l’influence d’Edward Hopper et, plus tard du Pop Art est évidente, l’œuvre de Didier Vallé reste personnelle. « J’aime autant reproduire le plaid négligemment laissé sur la banquette arrière d’une automobile que des chaises empilées, car j’adore aussi le travail d’Arman sur les accumulations. L’aluminium et le carbone me fascinent. Ce sont des champs d’investigation infinis. Grâce à Serge Cazaux (patron de RallySportClassic, Ndlr), j’ai pu avoir la chance d’accéder à quelques voitures mythiques, de les toucher du regard et de traduire avec mes pinceaux le rendu de la bakélite d’un volant, le reflet de la glace d’un compteur ou la froideur d’un cerclo-avertisseur en nickel. Tout m’intéresse mais ce qui me plaît le plus, c’est de voir les yeux qui brillent quand je déballe la toile face à un amateur. c’est un plaisir dont je ne me lasse pas. » Nous non plus !
Jean-Luc Fournier